En 2005, Jacques Chirac qui était alors président avait déclaré en parlant de l'Angleterre "Comment peut-on faire confiance à des gens qui préparent de si mauvais plats? Après la Finlande ce pays est celui qui a la plus mauvaise cuisine." Ayant la chance de cotoyer un finlandais qui cuisine, ces derniers temps j'ai été forcée de constater qu'effectivement, la cuisine finlandaise est pleine de surprises pas toujours heureuses. Depuis le Minttu et les bonbons "reglisse-barbecue", j'étais déjà un peu méfiante, non sans raisons.

La semaine dernière, Sakari nous annonça qu'il avait rammené du fromage finlandais. Il sortit alors un petit paquet sous-vide du frigo et, fier comme un paon, nous présenta le juustoleipä. Il ouvrit l'emballage (tiens, pas d'odeur) et le coupa en petits morceaux. Ca ressemblait à ça.

A base de lait de Rennes, ce fromage n'a de fromage que le nom. S'il n'avait pas d'odeur, j'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé de goût non plus. Le plus interessant, c'était quand même la texture car durant le processus de mastication, ce curieux aliment crisse sous la dent, comme si on machait de la gomme à papier (qui, au moins, a du goût). Pour vous donner une idée, après votre prochain brossage de dents, passez-vous un doigt sur les dents et vous allez ressentir cette curieuse sensation. Ce fromage a rejoint la catégorie des aliments qui n'en sont pas, comme le tofu.

Mais ce n'est pas tout. Hier soir, j'ai été invitée pour le dessert à déguster une spécialité finlandaise. Etant d'un naturel plutôt curieux et optimiste, je me suis réjouie et suis partie avec mon nouvel appareil photo, prête pour de nouvelles sensations fortes. Et je n'ai pas été décue en découvrant le lingon pudding.

Composé d'airelles, de sucre et de semoule, la première chose qui frappe dans ce plat est sa couleur. Dire que c'est rose, reste encore très loin de la vérité. C'est tellement rose que le malabar, babe le cochon et les barbies paraissent grisatres à côté. Voyez plutôt.

Ensuite, le deuxième point interessant est la texture à nouveau. J'ai procédé au test de la cuillère, il a été positif : une cuillère à soupe tient debout là-dedans. Ce n'est donc pas un liquide. Seulement, le problème est que ce n'est pas vraiment solide non plus. En bouche, on ne sait pas vraiment quoi en faire. L'aliment le plus proche que je connaisse niveau consistence est l'écume qu'il y a quand on cuit la confiture. Sauf que le goût n'a aucun rapport.

C'est d'ailleurs le troisième point interessant de cette curiosité. Les airelles n'étant ni salé ni vraiment sucré, la semoule non plus, le tout donne un goût aussi fade que la couleur est éclatante. Au premier contact, passé le choc de la texture, c'est un peu sucré puis ça devient un peu amer, mais à peine.

Pour vous dire, me faire une opinion sur ce dessert m'a demandé un effort de concentration absolument énorme. Devant mon scepticisme, Sakari m'a dit qu'avec du lait c'était meilleur. Allons-y avec du lait.

pink shit

Effectivement, c'était meilleur. Mais j'ai eu beaucoup de mal à faire abstraction de ce rose surnaturel et de la consistance rappelant un peu le caca (surtout sur cette photo). Donc au final, bilan mitigé. Mes papilles gustatives et mon palais ont été complètement déboussolés par cette curieuse experience proche de la science-fiction.

Ayant reçu "les cakes de Sophie" à Noël, j'ai décidé d'en faire un par semaine. Dimanche, je vais faire le cake pruneaux-lardons, histoire de lui montrer, au finlandais, ce que c'est que la nourriture avec du goût. Je sens qu'on va rigoler.

To be continued...